Que peut faire la mode pour pallier le manque de tailleurs ?

Le système de la mode accuse de plus en plus une pénurie - entre autres - de couturiers, brodeurs, modélistes et prototypistes - toutes des figures essentielles dans le processus de création des vêtements. Les personnes capables d'utiliser correctement une machine à coudre, ou de le faire à la main selon les normes requises dans le domaine, se font rares, car il s'agit de techniques très complexes - et il faut des années de formation et de pratique pour les apprendre. Le renouvellement générationnel, cependant, n'a eu lieu que partiellement. La raison n'est pas seulement culturelle. D'une part, il est vrai que - en général, mais surtout dans la mode - il y a moins de professionnels capables de faire des travaux techniques, d'autre part, les processus de production eux-mêmes ont changé. Par rapport au passé, la fabrication des vêtements est de plus en plus de type industriel, et elle est souvent sous-traitée à des sociétés externes.

Avec l'essor du fast fashion, la tradition de la couture artisanale s'est peu à peu réduite, tout comme la formation des nouvelles générations, ce qui a même mis en péril la viabilité économique de certaines entreprises. Mais la pénurie de personnel concerne également et surtout ces professions qui travaillent au sein des maisons de couture individuelles, réalisant des prototypes et des échantillons. Le processus de conception et de création d'un vêtement, en effet, ne concerne pas seulement les couturiers, mais aussi les prototypistes et les modélistes, entre autres. Si les premiers sont chargés de l'assemblage final du vêtement, les prototypistes suivent la réalisation des vêtements à partir des croquis des stylistes. Les modélistes sont quant à eux responsables de la création des patrons, c'est-à-dire des pièces de tissu qui formeront le vêtement lui-même. Toutes ces figures doivent avoir une connaissance approfondie des matériaux, des techniques de couture et du modélisme. C'est ce savoir-faire qui rend possible la réalisation et la production finale des prototypes, et il est de plus en plus rare chez les jeunes.

Que peut faire le système de la mode pour ne pas aggraver le problème

En général, les métiers techniques sont considérés comme moins attractifs qu'auparavant. Malgré leur importance, ce sont des professions qui ont souffert de la dévalorisation culturelle des métiers artisanaux, ce qui a dissuadé les jeunes de choisir des parcours scolaires plus liés à la maniabilité. Même dans la mode, la demande est forte pour les cours privilégiant l'approche théorique et conceptuelle, mais beaucoup moins pour les parcours plus pratiques et techniques. En substance, au niveau de la formation, il y a beaucoup plus de personnes visant à concevoir ou à raconter des vêtements que celles qui étudient pour apprendre à les réaliser. C'est pourquoi les entreprises du secteur, afin de combler cet écart, devront être en mesure de proposer plus de perspectives de carrière et de revenus pour les techniciens, en valorisant davantage ces professions et en communiquant mieux sur leur importance.

Les grandes entreprises y parviennent en partie : grâce à des structures consolidées, il leur est plus facile de favoriser la croissance professionnelle et économique de leur personnel. Il en va cependant autrement pour les petites marques, qui représentent une grande partie du secteur en Italie et contribuent à la renommée du Made in Italy. Et la difficulté à trouver des professionnels dans la broderie et la couture ralentit la croissance des entreprises. Dans le but de changer la perception négative des professions purement techniques, le secteur de la mode tente également de sensibiliser les gens - et surtout les jeunes - sur les possibilités de ce marché de l'artisanat. En même temps, les entreprises développent des programmes de formation internes. Certaines entreprises, pour pallier le manque de techniciens, lancent même leurs propres académies, dans le but d'ensuite intégrer les étudiants dans l'entreprise. Étudier dans les instituts de mode - presque toujours présents uniquement dans les grandes villes - n'est pas à la portée de tous : ces projets parallèles permettent en revanche de faire arriver la mode dans des régions éloignées de l'influence des grandes institutions du secteur.