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Pourquoi nous devons cesser de chercher un sens à Parthenope

Et à Sorrentino

Pourquoi nous devons cesser de chercher un sens à Parthenope Et à Sorrentino

Mardi dernier, au Festival de Cannes, a eu lieu l’avant-première de Parthenope, le nouveau film de Paolo Sorrentino. Un événement accueilli avec plus d'enthousiasme peut-être à l'étranger qu'en Italie, car il n'est pas rare pour les Italiens de regarder avec méfiance leurs compatriotes qui obtiennent du succès. Surtout s'il s'agit du réalisateur oscarisé pour La Grande Bellezza, celui que Nic Cage qualifierait de “A Movie Star”. Pour comprendre l'ampleur du nouveau film de Sorrentino, il suffit de voir les noms impliqués dans le projet : la production signée Saint Laurent; l'acquisition des droits de distribution pour l'Amérique du Nord par A24; la présence de Gary Oldman et Peppe Lanzetta dans le casting; l'intérêt démontré par Greg Williamson, venu sur le plateau pour prendre des photos comme lui seul sait le faire.

La sensation est également accentuée par l'atmosphère d'attente trépidante qui règne depuis deux semaines sur la croisette, à la fois par l'envie de découvrir un nouveau film et par l'urgence de le juger. C'est d'ailleurs Sorrentino lui-même qui a souligné comment, devant le dernier film d'un réalisateur, c'est toute la carrière de l'auteur qui est remise en question. Une affirmation effectivement valable pour la plupart des réalisateurs, mais qui l'est tout particulièrement pour lui. Pourquoi ? Difficile à dire. Sorrentino évoque un lyrisme partagé, pour certains redondant et autoréférentiel, mais il possède également une âme punk qui l'empêche d'être inscrit au sein d'un système. Il n'a pas de scrupules à s'approprier n'importe quel sujet. Et en plus, c'est un génie et tout le monde le sait. Pas un Prométhée à la Oppenheimer, capable de changer à jamais le destin du cinéma, mais un homme doté d'une sensibilité supérieure à celle du commun des mortels, qui remarque et devine des fréquences émotionnelles et des nuances de signification accessibles à peu de gens. Une vision faite de nombreuses questions et de très peu de réponses, car Sorrentino est un homme voué au doute, tout comme ses films. Et c'est peut-être pour cela que la recherche spasmodique du "sens" à la fin de la vision d'un de ses films laisse souvent des interrogations encore ouvertes et un goût amer.

Ses films condensent ce regard et le traduisent en un langage cinématographique qui n'a pas de véritables références (que l'on arrête de sortir Fellini sans raison valable) si ce n'est justement sa propre façon de voir les choses. Et face à une vision unique, traduite en un langage sans précédents pour nous aider dans sa traduction, il est tout à fait normal de se sentir perdu. Il est en revanche - permettez-moi - profondément erroné de s'entêter à chercher le dernier morceau du puzzle ou des explications capables de créer des raccourcis simples à un parcours qui devrait être en soi le "sens" du film. Une attitude de ce genre, face à une œuvre comme Parthenope, conduit à se perdre, à perdre le voyage et pas seulement.

Se laisser aller et accepter de laisser entrer la mélancolie

Nous en sommes au troisième paragraphe de cet article et pas un mot n'a encore été dit sur l'intrigue de Parthenope. Cela ne se produira pas non plus dans les lignes suivantes. Parce que, bien que le film ait évidemment une intrigue (même plus nette que d'autres titres de la filmographie de Sorrentino), essayer de la reconstruire nous détournerait encore plus de l'expérience des spectateurs. Parthenope, comme Naples, est tout et son contraire. Sorrentino, dans son flux de doutes et de questions sans réponses, demande explicitement au spectateur de se laisser aller. Vivre cette mer, se baigner dans ses eaux, en respirer l'essence mais toujours avec l'avertissement de ne pas se laisser entraîner au fond. C'est un pur concentré de mélancolie que ce nouveau film de Sorrentino. Elle ne pouvait qu'être choisie. Le sentiment le plus contradictoire qui soit. Il est associé au passé, au futur et au présent. Il est chaud, enveloppant et parfois oppressant, mais il vous emmène en voyage à chaque fois. La mélancolie est composée d'eau et de sel, mais elle a un goût doux en bouche. Une émotion simple et pourtant si difficile à définir. Paolo Sorrentino a réussi à la filtrer avec sa vision du monde et à la condenser en un seul film. Se perdre à trouver des réponses ou des significations simples est un acte de méchanceté. Mais pas envers Sorrentino ou Parthenope. Envers nous-mêmes, car nous risquerions de perdre la possibilité de laisser entrer la mélancolie et, en définitive, d'apprendre à mieux nous connaître.