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Pourquoi de plus en plus de Français préfèrent-ils l'art au travail en entreprise ?

La nouvelle scène créative

Pourquoi de plus en plus de Français préfèrent-ils l'art au travail en entreprise ? La nouvelle scène créative

Il y a quelques décennies, en France ou ailleurs, vouloir être un créatif ou un artiste  était réservé à une maigre partie de la population ; celle qui était peut-être baignée depuis  l’enfance dans une famille artistique et qui voulait perpétuer la tradition, celle qui pouvait se  le permettre sans penser aux soucis financiers que cela pouvait impliquer, celle qui était  marginale et qui ne se voyait pas ailleurs, ou celle qui rêvait simplement, sans foncièrement y  croire.  Le terme réussir était souvent associé à la poursuite d’une carrière dans une grande entreprise « Fais des études, décroche toi un bon job, gravit les échelons » pouvait sortir de la bouche de  nos parents ou autres mentors pour qui le désir de se développer créativement semblait  fantasque. Le milieu artistique, quant à lui, était élitiste, peu accessible – et si peu de personnes allaient  s’y aventurer, encore moins y connaissaient un grand succès. Les changements sociétaux et l’ampleur du digital auraient alors sensiblement transformé  notre perception de ce milieu. Si l’on parle d’ailleurs parfois moins de « milieu artistique » mais  plutôt de « scène créative », c’est également pour englober un spectre bien plus large que  celui où les Basquiat, Irving Penn, John Lennon ou encore Coco Chanel s’y retrouvaient  autrefois. Alors si tout le monde n’a pas l’ambition de devenir Kendrick Lamar ou de suivre le chemin de  Glenn Martens, beaucoup vont par contre faire le choix de se lancer dans la musique, le design,  la photographie, la peinture ou tout autre activité créative considérée fut un temps, comme  peu accessible. Ce qui va donc donner ce désir soudain à la jeunesse française de devenir  artiste est tout d’abord la manière dont nous percevons ces derniers.

En effet, si la vie d’un  artiste était auparavant privée, malgré quelques scandales et gossips qui pouvaient apparaître  dans les journaux, l’artiste à succès d’aujourd’hui s’expose largement sur les réseaux sociaux.  Cette exposition sur la toile va donc miroiter un semblant d’accessibilité, de proximité et  donner une impression de facilité quant au lifestyle que ces personnalités mènent.  Inconsciemment, toute personne avec un désir plus ou moins fort de créer se dira « Pourquoi  pas moi ? ». Parallèlement, si l’on a l’impression d’avoir plus accès aux artistes, l’art en lui-même va devenir  plus accessible. Un artiste musical n’avait auparavant pas d’autres choix que de vendre des  disques ou de faire des concerts pour pouvoir se faire un nom ou tout simplement promouvoir  sa musique.  Aujourd’hui, avec l’essor du digital et des plateformes musicales, tout le monde a accès bien  plus rapidement aux contenus de ces artistes, et ce, peu importe leur notoriété. Il en va de  même pour tous les autres créatifs, qu’ils aient un attrait pour la création de vêtements, la poésie, la photographie ou le nail art… Montrer leur art de manière publique n’est désormais  plus une barrière limitante.  

Mais alors si les changements sociétaux et l’effervescence de l’image digitale nous donnent  une impression de facilité d’accès à la scène créative ; est-il réellement plus simple de bâtir  une carrière en son sein qu’il ne l’était dans le passé ? Les barrières d’autrefois, auraient-elles  peut-être simplement évolué vers une autre forme ? La montée en puissance des réseaux  sociaux avait également créé le phénomène de hype, catégorisant alors certaines  personnes comme étant plus légitimes que d’autres à faire partie d’une scène créative. Le  talent d’une personne devient alors parfois une considération secondaire en comparaison  à la popularité ou l’entourage de cette dernière. Par ailleurs, le système scolaire et professionnel de la France est souvent critiqué pour son  caractère élitiste. Si autrefois la noblesse et l’argent étaient synonymes de pouvoir, le système  d’aujourd’hui serait basé sur une méritocratie favorisant un parcours scolaire impeccable  et de longues et prestigieuses études souvent liées à des écoles privées. Cependant, si le  nombre de diplômés a considérablement augmenté, l’accès aux entreprises et aux postes  prestigieux demeure souvent limité et teinté de pratiques favorisant le réseau et le piston. Les  opportunités professionnelles sont donc parfois perçues comme étant davantage liées aux  relations personnelles et aux connexions qu'à la méritocratie. 

Le parallèle entre l’expansion de la scène créative et l’accès parfois difficile aux jobs corporate pousserait donc de plus en plus de jeunes à créer leur propre business ou à se développer  dans un domaine créatif. Les villes comme Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux et d’autres abritent donc plusieurs scènes artistiques englobant toutes sortes de domaines et  connectant leurs membres entre eux. Qu’ils soient peintres, gem artists, créateurs de contenu  ou encore vintage dealers, nos protagonistes seront aspirés à cultiver leurs passions et à façonner  leur propre voie au sein de ces communautés créatives florissantes.  Et si le chemin sera parfois rempli d’embûches, l’aspiration à la liberté artistique et à la  réalisation personnelle poussent ces jeunes entrepreneurs créatifs à la persévérance et à  transformer chaque difficulté en potentielles opportunités.